La Presqu’île d’Ambès – Terres hors norme
Ambès est la commune à la confluence de la Garonne et de la Dordogne. Son territoire et celui d’une partie de ses voisines (Saint-Louis de Montferrand, Ambarès-et-Lagrave, Saint-Vincent-de-Paul), forment un paysage atypique au sein de l’agglomération bordelaise. Découvrez l’histoire de la Presqu’île d’Ambès et ses terres hors norme.
par José Darroquy
publié le 25 octobre 2018
modifié le 05 novembre 2025
Un peu d'histoire
Terre de marais laissée aux pauvres par Jeanne de Lestonnac (1556-1640), baronne de Montferrand et future canonisée, « afin de les aider à vivre de la chasse, de la pêche, de tirer parti des avantages offerts par la flore et la faune du marais », la Presqu'île d'Ambès conserve cette caractéristique populaire et l'essentiel de son environnement naturel.
Il faudra attendre le 17e siècle, et les travaux de drainage d'ingénieurs hollandais, pour qu'apparaissent les premières propriétés et maisons nobles des parlementaires de Bordeaux qui y développeront des vignes malgré l'excès d'eaux.
Les « vins de palus » offrirent d'ailleurs la fortune à leurs propriétaires pendant l'invasion du phylloxéra, l'inondation volontaire des terres stoppant la progression du fléau.
crédit : Région Nouvelle Aquitaine - Inventaire général du patrimoine culturel, photo : Chabot-Bernard
Ces riches demeures sont visibles au long de la petite route propice au vélo longeant la Garonne du côté de Saint-Louis de Montferrand.
Le Château Peyronnet fait office désormais de chambres d'hôtes et d'espace de réception, mais le Château Sainte Barbe, attribué à Victor Louis, architecte du Grand Théâtre, cultive toujours un Bordeaux Supérieur de très bon aloi et accueille sur rendez-vous pour des visites-dégustations.
© Château Sainte-Barbe
Le passé industriel de la Presqu'île d'Ambès
Quant à la Presqu'île prolétaire, elle connut ses heures intenses à partir de 1930 avec sa raffinerie de pétrole implantée au bec d'Ambès, la pointe de la pointe.
Durant les Trente glorieuses, s'y regroupèrent de nombreuses infrastructures liées aux énergies, aux carburants et à la chimie. Si une partie des installations a été démantelée ces dernières années, tout une autre est encore à l'active. Le contraste est saisissant entre les rives viticoles et bucoliques en amont avec leurs carrelets, et ces étendues de réservoirs géants, voies de chemin de fer, cheminées, tuyères et canalisations compliquées, ou ces appontements s'élançant sur le fleuve, un gazier ou pétrolier parfois à quai.
crédit : Région Nouvelle Aquitaine - Inventaire général du patrimoine culturel, photo : Kabouche Marie
Un havre en devenir - le cœur verdoyant de la Presqu'île
Le cœur de la Presqu'île est resté bien moins aménagé, alternant marais, flore endémique, élevage, et cultures variées allant des plantes fourragères aux fruits.
C'est aussi le lieu d'accueil de nombreux oiseaux migratoires : hérons, grues, cigognes, milans, busards...
À Ambarès et Ambès, deux vastes espaces verts publics (50 ha et 65 ha), le plan d'eau de La Blanche et le parc de Cantefrêne, entourent d'anciennes gravières formant des enchaînements de lacs.
photo : Didier Doustin - Bordeaux Métropole
Destinations idéales pour un pique-nique, (des barbecues sont même proposés), une marche, la course à pied, du vélo…, la pêche y est autorisée, et tous deux possèdent son refuge périurbain, œuvre-hébergement ouverte pour une nuit aux citadins aventuriers, intitulé respectivement « Le prisme » et « La vouivre ».
Chacun a aussi sa spécialité, minigolf, ping-pong et festival à Ambès (Les Odyssées - août), base nautique à Ambarès accueillant aussi bien des petits bateaux d'apprentissage que des planches à voile, canoës, kayaks...
Ces deux aménagements signent le début d'une attention paysagère retrouvée pour des espaces naturels d'exception négligés au 20e siècle.
crédit : ville d'Ambarès-et-Lagrave
Aujourd’hui, plus qu’un simple tourisme de sites ou de monuments bien indiqués, la Presqu’île invite à une exploration libre, où se mêlent le goût de la nature, la fascination pour les paysages industriels de la pétrochimie, la nostalgie des territoires sauvages ou des anciennes propriétés aristocratiques, et le rêve d’aventures nouvelles aux confins des terres.
Plans d'eau de La Blanche
Avenue du Roy 33440 Ambarès et Lagrave
Bus 49 (arrêt av. Grandjean), 90 et 96 (Bernatet)
Parc de Cantefrêne
RD n°113, 33810 Ambès
Bus Lignes 92 et 93 (arrêt Lachenal)
Château Sainte Barbe
Route du Burck 33810 Ambès
Tél. 05 56 77 49 57
crédit : Région Nouvelle Aquitaine - Inventaire général du patrimoine culturel, photo : Michel Dubau