Les secrets de la Garonne : 10 faits étonnants à découvrir
C’est l’une des stars aquatiques de Bordeaux et plus généralement de tout le sud-ouest. Tout le monde connait son nom mais rares sont ceux à savoir qui elle est réellement. Dans cet article, nous vous présentons la belle Garonne sous toutes ses coutures. Origine(s), anecdotes historiques, faune locale… Découvrez 10 faits surprenants sur le fleuve.
Le trésor de la Garonne
La Garonne est un trésor. On pourrait parler pendant des heures de ses courbes qui ondulent joyeusement à travers les paysages du sud-ouest. C'est dans les Pyrénées espagnoles que la belle prend sa source avant de partir pour un long voyage de 529 km qui terminera tête la première dans l’Océan Atlantique. En chemin, elle croisera moult villes et villages dont Bordeaux qui s'est façonnée sur ses rives depuis des siècles.
Vivant au rythme des marées, la Garonne est le troisième fleuve français par ses débits. Sa profondeur moyenne est d'environ 5,49 mètres, mais elle peut atteindre une profondeur de 30 mètres. Côté largeur, la moyenne est d'environ 305 mètres, mais elle peut se déployer jusqu'à 5 km. La Garonne est ainsi : imprévisible, irrégulière et mystérieuse, comme ses fonds qui ont jadis accueilli… un trésor !
En 1965, les ouvriers de l’entreprise bordelaise Diaz, spécialisée dans le calibrage des sables et graviers dragués dans le lit de la Garonne, font une surprenante découverte : une myriade de pièces qui reposent tranquillement dans la grave, entre Quinsac et Camblanes.
Après moult rebondissements, le "Trésor de Garonne" est mis au jour en 1970. Il se compose de près de 4 000 sesterces qui brillent de mille feux (à admirer au Musée d'Aquitaine). Pourtant, la monnaie n'est pas en or, mais en alliage de cuivre et de zinc. Confectionné principalement à l’effigie des Antonins, l'ancien argent provient du naufrage d’un bateau… en 155 après J.C !
D’où vient la Garonne : où est sa source ?
Previously dans les "Faits surprenants sur la Garonne" : nous vous disions que le fleuve nait au cœur des Pyrénées espagnoles… mais la source exacte est bien plus mystérieuse qu'elle n'y parait. Bien malin celui qui connait l'endroit exact où le fleuve prend sa source. Si, selon Le Larousse, elle "naît dans la Maladeta (Pyrénées espagnoles)", les rebondissements dans cette affaire ont été nombreux.
Les Espagnols de la vallée d'Aran vous diront qu'elle jaillit au Pla de Beret, sous le col de la Bonaigua. Il s'agit du point de départ officiel avant que Norbert Casteret ne s'en mêle. Le grand spéléologue des années 30 est en effet convaincu que l'origine du fleuve est tout autre, dans le massif de la Maladeta. Pour prouver ses dires, il balance 60 kilos de fluorescéine dans la cascade en amont du "Trou du Toro" qui ressortiront le lendemain du "Goueil du Joueou" (l'œil de Jupiter) dans la vallée de l'Artiga Lin.
Mais puisque jamais deux sans trois, les scientifiques pensent aujourd'hui qu'il existe une troisième source : la Garona de Ruda qui naît dans le cirque de Saboreto dans la région des Encantats. Et vous, qu'en pensez-vous ?
Connaissez-vous les poissons de la Garonne ?
Que seraient le fleuve et son estuaire sans ses petits pensionnaires à écailles ? La Garonne accueille dans ses eaux des locataires très différents, en raison de la rencontre entre eaux douces et eaux salées.
Les espèces résidences (gobie buhotte, crevettes grise et blanche) y coulent des jours heureux à l'année, tandis que d'autres poissons (espèces migratrices) n'y font qu'un passage. Citons la grande alose, l’alose feinte, la lamproie marine, la lamproie fluviatile, l’esturgeon européen, l’anguille européenne, le saumon atlantique et la truite de mer dont la population serait en déclin, et particulièrement la lamproie. Aussi, sa pêche et sa consommation sont régulièrement interdites. La sole, le bar et l’anchois y battraient aussi des nageoires, tout comme les épinoche, sprat et gobie, en diminution également.
Et certaines espèces dites envahissantes de déranger ce petit monde comme l’écrevisse de Louisiane, la perche soleil et le silure. Originaire des fleuves de l'Europe de l'Est, ce dernier met le grappin sur la grande alose, l’alose feinte, le saumon et la lamproie marine. Aussi, certains souhaitent qu’il soit classé comme espèce invasive (remise à l’eau et transport interdit) et que des mesures de régulation soient prises.
Une plateforme abandonnée dans le lit de la Garonne
Peut-être avez-vous déjà aperçu cette plateforme fantôme ? Le genre de lieu qui fait rêver les amateurs d'exploration urbaine, plus communément appelée urbex… Cela fait plusieurs décennies que cette étrange plateforme fait trempette dans les eaux de la Garonne, dans les hauteurs de Bacalan.
Ancienne propriété d'une entreprise nantaise de travaux publics, l'engin est passé entre plusieurs mains au fil des décennies. Sa mission : le déroctage au fond du chenal. Puis le temps a passé et les missions se sont faites plus rares… et le dernier propriétaire d'abandonner la bête.
Si l'engin flottant était jadis tractée par des remorqueurs du port, du bec d’Ambès à Lamarque, de Blaye au nouveau port du Verdon, il serait aujourd'hui trop compliqué de la déloger. Elle reste donc là, à patauger dans les eaux de la Garonne à deux pas de la rue Achard, sans déranger ceux qui souhaitent passer… et de faire parler les curieux qui posent les yeux sur elle.
Des formes de radoub du 19ᵉ dans les bassins à flots
Vous vous demandez probablement ce que veut dire "forme de radoub". Difficile de connaître la signification sauf si vous travaillez dans le domaine maritime ! Sachez qu'il s'agit d'un bassin qui permet l’accueil de navires et leur mise à sec pour l'entretien ou réparation.
Celles que nous évoquons dans ces quelques lignes sont situées dans le quartier de Bacalan, rue des Étrangers, sur le quai du Maroc, avec une ouverture sur le bassin à Flot.
Les formes de radoub bordelaises peuvent s'enorgueillir d'être inscrites dans l’inventaire du “patrimoine portuaire” et classées Monument Historique depuis le 31 janvier 2008, en compagnie de leur machinerie et des abris attenants.
Construites en pierre de taille, les formes de radoub abordent une jolie forme ovale. Fermées en 1997, elles ont rouvert en 2016 pour être toujours en service aujourd'hui.
Des estacades en bois à l’entrée des bassins à flots
Ce sont elles que l'on voit en premier lorsqu'on pénètre dans les Bassins à Flot, mais on en trouve également sur la rive droite, à deux encablures du pont Chaban Delmas. Installées en bordure du fleuve, elles en composent l'entrée. Ces deux estacades courbes de bois servaient jadis à stationner des bateaux pour les amarrer et/ou décharger.
Construites au 19ᵉ siècle, elles ne sont plus toutes jeunes, mais constituent un témoignage patrimonial très important, à l'instar des écluses, formes de radoub dont nous vous parlions précédemment, hangars et usines du port. L'ensemble a ainsi été intégré dans le périmètre de classement de Bordeaux au patrimoine Mondial de l’Humanité de l'UNESCO.
Des projets de restauration sont depuis plusieurs années à l’étude pour leur redonner un petit coup de jeune. Affaire à suivre…
Un slipway centenaire toujours en fonctionnement
Encore un mot du monde portuaire à ajouter dans votre vocabulaire ! Slipway signifie "cale de lancement" dans la langue de Molière.
Posté juste derrière les estacades, cet "ascenseur à bateaux" a été construit pour mettre les navires à sec afin qu'ils soient bichonnés par les hommes. Rares sont les ports à en posséder un mais Bordeaux en fait partie… et dispose d'une version toujours en état de marche.
Des années après sa construction, la bête est ainsi toujours en service et peut accueillir 5 navires en même temps avec ses 60 mètres de long et 12 mètres de large. En plus d'être utile, le slipway constitue comme ses confrères d'un beau témoignage du patrimoine portuaire bordelais.
L'Opération Frankton
Décembre 1942 : un sous-marin anglais remonte à la surface au large de Montalivet. Il lance six kayaks avec deux marins chacun dans l'océan. Malheureusement, le premier kayak se déchire avant de partir, les remous en engloutissent un autre, et les courants envoient deux autres embarcations vers la pointe du Verdon et un navire allemand.
Il ne reste plus que deux kayaks pour effectuer la mission et remonter l'estuaire de la Gironde puis la Garonne, jusqu'à Bordeaux. Après quatre longues nuits à ramer ou attendre la marée favorable, ils arrivent enfin à destination le 11 décembre.
Ils vont alors coller des bombes magnétiques aux coques de bateaux utilisés par les Allemands, pour ensuite repartir vers l'estuaire. Six heures après, les bombes explosent, coulent deux navires et endommagent sévèrement quatre autres.
Les quatre héros regagnent la rive au nord de Blaye. Deux seront dénoncés, repérés et fusillés. Les deux autres seront évacués par la Résistance et rapatriés en Angleterre.
Le sauvetage de Gustave Eiffel
En 1858, les travaux de la passerelle Eiffel (conçue par Paul Regnauld) sont confiés à un inconnu du nom de Gustave Eiffel. Personne ne connait encore cet ingénieur prodige. En effet, sa célèbre tour ne verra pas le jour avant 30 années.
Celle que les Bordelais surnomment "la passerelle" est la première œuvre du jeune homme âgé alors de 26 ans. Il est chargé de réaliser un grand pont métallique au-dessus de la Garonne bordelaise.
Un jour, un ouvrier tombe malencontreusement à l'eau. Le courageux Gustave n'hésite pas à plonger pour ramener le malheureux sur la rive sain et sauf. L'histoire ne fera pas grand bruit, mais vous êtes désormais au courant !
Les quais sauvés par un soldat
Avant leur départ de Bordeaux, les Allemands décident de faire sauter les quais de Bordeaux et le pont de pierre. Henri Salmide (Heinz Stahlschmidt), le soldat chargé de la mise à feu des explosifs, trouve l'opération injuste et inutile puisque la guerre est déjà perdue.
Il décide donc de faire sauter la réserve des éléments de mise à feu, soit le bunker sur les quais près de la rue Raze. Les Allemands, qui pensaient avoir coupé la tête de la Résistance, perdent le moral et vont négocier leur départ sans demander leur reste.
Ce geste sauva des centaines de vies, voire beaucoup plus… Et les belles rives de la Garonne dont on profite encore aujourd'hui !
Traversée à la nage une fois par an
Ce n'est pas à elle que l'on penserait pour faire des longueurs et pourtant ! Chaque année, elle accueille une course d'un genre un peu particulier…
Nos ancêtres y faisaient déjà trempette dans les années 50 lors d’une grande fête populaire au bord du fleuve. L’épreuve partait de Bègles et arrivait à Lormont, quelque 7 km plus loin.
L'évènement était tombé dans les oubliettes… Jusqu'à ce qu'un certain Jean Boiteux - ex-champion Olympique et entraîneur des Girondins de Bordeaux - et un certain Marc Lafosse - ex-nageur national des Girondins et champion de France - décidèrent en 2007 de renouer avec les traditions d'antan.
Depuis, chaque année au mois de juin, tout le monde est invité à s'inscrire et à traverser le fleuve à la nage, dans des conditions très encadrées comme vous pouvez l'imaginer. Ne tentez jamais l'expérience seul.e !
Montez à bord !
Vous voilà incollables sur les mystères de la Garonne. En effet, le fleuve, colonne vertébrale du port de la lune, recèle d'innombrables secrets et notre liste est loin d'être exhaustive. Pour les curieux qui aiment aller plus loin dans l'exploration fluviale, voici quelques idées :
- Comment ça vous n'êtes jamais monté à bord d'un bateau pour naviguer sur la Garonne ? On vous promet un moment hors du temps avec, en prime, une vue imprenable sur le Port de la Lune. Plusieurs compagnies vous embarquent pour des croisières, à vous de choisir votre formule.
Et nos musées racontent, chacun à sa façon, la passionnante histoire de la Garonne :
- Le Musée de l'Histoire Maritime dont les collections retracent le passé maritime, portuaire et fluvial de Bordeaux pour mieux comprendre et appréhender le présent.
- Le Musée Mer Marine où une nouvelle salle rassemble des œuvres dédiées aux paysages marins afin de célébrer les 150 ans de la première exposition impressionniste.
- Le Musée d'Aquitaine pour admirer le fameux trésor.