Une balade urbaine pour passer au vert
Mais qui a eu la fabuleuse idée de planter des tomates devant la maison familiale de Montaigne ? Et à quoi servent ces étranges plateformes sur la Garonne ? Comment les poules ont-elles atterri sur les toits ? Tant de mystères qu’une visite autour de l’écologie à Bordeaux tente de percer ! Avec « Bienvenue en coulisses », nous sommes partis à la rencontre des acteurs et initiatives qui s’engagent pour une ville plus verte et un mode de vie plus responsable.
par Mélanie Tammeveski
publié le 15 juillet 2019
modifié le 12 avril 2022
Portes ouvertes
À vélo, en trottinette ou en courant, combien de fois êtes-vous passé devant cette petite maison, nichée en bord de Garonne, sans pousser ses portes ? Alors, la prochaine fois, arrêtez-vous et prenez cinq minutes pour découvrir un projet unique en France : la Maison Écocitoyenne. Rare vestige de l’activité portuaire de Bordeaux, cette ancienne maison de dockers s’est transformée en lieu de sensibilisation en 2010.
En plus d’être un lieu de ressource ouvert à tous, elle est un véritable cas d’école en matière d’éco-rénovation : du sol au toit, en passant par la charpente, le mobilier et les sanitaires, tout est conçu pour réduire un maximum l’impact sur l’environnement. « Saviez-vous que chaque chasse d’eau consomme entre six et huit litres d’eau ? » Sophie, médiatrice de la MEC, pimente la découverte des lieux de chiffres clé et astuces bien utiles pour votre transition écologique. Vous quitterez les lieux un peu plus éclairé(e) et peut-être motivé(e) à adopter un mode de vie plus responsable.
Maison Écocitoyenne - Quai Richelieu - 33000 Bordeaux
Ça turbine !
Avant de poursuivre la balade en direction du centre historique, petite halte en bord de Garonne, où Pauline, notre guide, attire notre attention sur des installations bizarroïdes sur la Garonne. À quelques mètres du pont de Pierre se dressent plusieurs plateformes qui sont…moches, certes, mais bien utiles comme nous allons l’apprendre par la suite.
Ceci n’est pas un ovni, ni une performance artistique, mais un laboratoire pour tester des hydroliennes ! Baptisé Seeneoh (site expérimental estuarien national pour l’essai et l’optimisation d’hydroliennes), cette installation est pérenne et l’énergie produite ici éclaire déjà une partie des quais.
Les bons comptoirs…
Prochaine étape : le Comptoir Saint-Rémi. Et voilà encore un de ces lieux du type « passé mille fois devant sans jamais trop comprendre ce qui se cache derrière ». Heureusement que Lola est là pour tout nous expliquer : ce comptoir héberge une conciergerie solidaire, un atelier, un espace de collecte de tri et un comptoir postal.
Sans tout vous dévoiler, notez que si vous êtes un fana du tri, adepte de la mode responsable, bricoleur dans l’âme ou à la recherche d’un service à petit prix, vous êtes au bon endroit ! Autre curiosité du comptoir : le garde-manger solidaire installé par hop hop Food.
Fini les poubelles remplies à ras bord avant le départ en vacances, venez déposez ici vos dons alimentaires qui feront certainement le bonheur de quelqu’un. Une belle initiative pour moins de gaspillage alimentaire et plus de solidarité entre voisins.
Le Comptoir Saint-Rémi - 58 Rue Saint-Rémi - 33000 Bordeaux
Oublie ta voiture, Simone !
Les déambulations se poursuivent en direction du PUMA, Pôle Urbain des Mobilités Alternatives, qui héberge, à deux pas de la porte Cailhau, trois associations : VéloCité, Citiz et AIR Roller. « 40 % de nos déplacements en ville durent moins de 5 minutes », rappelle Nicolas, directeur de « Citiz ». À Bordeaux, ce service d’autopartage national dispose aujourd’hui d’un parc d’une centaine de voitures de toutes tailles.
« Pour remettre de la nature en ville, c’est simple, il faut manger sur le stationnement en partageant nos voitures », précise-t-il. En effet, louer une voiture au lieu d’en posséder et assumer les charges souvent lourdes, s’avère intéressant pour tous les citadins ayant une solution de transport entre leur domicile et travail. Avant de quitter le PUMA, un groupe de cyclistes part en direction des quais : « c’est notre vélo-école », explique Catherine, bénévole de VéloCité. L’association fédère les cyclistes métropolitains autour d’une démarche collaborative. Dernier projet en date : la plateforme cyclo-fiches.
VéloCité, Air Roller, Citiz - 16 rue Ausone - 33000 Bordeaux
Entre circuits courts et touristiques
Rue de la Rousselle, plusieurs bacs fleuris apportent une belle touche verte à cette artère ultra minérale du quartier Saint-Paul. Les plants de tomates installés devant la maison familiale de Michel de Montaigne sont l’œuvre des Incroyables comestibles. L’association qui fait partie d’un réseau mondial réunit des citadins jardiniers en quête de lien social.
Résultat ? De plus en plus de plantations de légumes et de fruits accessibles en libre-service font leur apparition dans les quatre coins de la métropole. Si les habitants de la Rue de la Rousselle sont encore loin de l’autosuffisance alimentaire, ils dégusteront bientôt de délicieuses tomates « variété Montaigne », 100 % circuit court.
Exit les oranges sous vide !
« Les denrées alimentaires parcourent en moyenne 3 000 km », rappelle Pauline lorsqu’on passe devant l’épicerie « Le Local » (spécialiste du circuit court) et « La Recharge », rue Sainte-Colombe. Première épicerie vrac à Bordeaux, la Recharge a ouvert ses portes en 2014. Fruits et légumes, riz, lentilles, huile d’olive, pain, café, lessive…bref, vous y trouverez quasiment tout pour remplir votre panier, mais sans emballages. À vos bocaux !
La Frip’, c’est chic…et solidaire
Vous vous êtes déjà demandé que deviennent les vêtements laissés dans les bornes du réseau Le Relais ? « 5 à 6 % des textiles arrivent ici », explique Anita qui nous accueille dans la boutique « Ding Fring », cours Victor Hugo. Parmi les 146 tonnes de textiles récupérées chaque année en France par le réseau Relais (1000 bornes en Gironde), les plus belles pièces sont vendues à petit prix.
En revanche, chaussettes trouées et vieilles serviettes finissent en isolation thermique pour le bâtiment, comme dans le toit de la Maison écocitoyenne par exemple. Vintage, rétro, streetwear… il y a de quoi s’habiller à prix doux tout en contribuant à la création d’emplois pour des personnes en situation d’exclusion.
La rue Paul Bert s’habille en vert
Dernière étape de la balade, le réseau Paul Bert. « Bientôt, toute la rue sera végétalisée », annonce Pierre devant le potager urbain du centre social. Encore un jardin en ville qui a chassé un parking ! Restaurant (plat unique à midi, bio et local, 4 €), logements sociaux et d’urgence, laverie, hammam dans la cave, poules et abeilles sur le toit…inutile de préciser que le réseau Paul Bert n’est pas un centre social et culturel comme les autres. « C’est une maison ouverte à tout le monde, des gens du quartier au touriste chinois. »
Réseau Paul Bert - 2 Rue Paul-Bert - 33000 Bordeaux
Que de belles découvertes et rencontres durant cette matinée estivale ! En plus d’être instructive, la balade vous dévoile de jolies ruelles et quelques joyaux patrimoniaux du vieux Bordeaux. Chaque trajet entre les différentes étapes est l’occasion d’échanger autour de nos pratiques et de partager quelques astuces : tri des déchets, fabrication de produits ménagers, co-voiturage, évidemment la visite attire des personnes sensibilisées et curieuses.
Voilà une manière ludique et agréable de porter un regard neuf sur sa ville et de faire peut-être un pas de plus vers un mode de vie plus responsable, sans prise de tête.
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