© Marie Blanchard
Tout commence par la traversée du pont Eiffel qui enjambe la Dordogne. L’emprunter est déjà un petit ravissement. Mais cet édifice mérite un coup d’œil plus détaillé et sous un autre angle. Rejoignez donc le port de Cubzac-les-ponts et garez votre voiture. Pour atteindre les pieds du pont, vous traverserez un espace vert où se déroulent régulièrement les festivités de la commune. Arrivés au pied du pont, les férus de perspective se régaleront.
Sortez les appareils photos pour des clichés remplis de lignes de fuite ! L’alignement des piliers est assez spectaculaire. Ce lieu a servi de décor pour le film « Eiffel » sorti en 2021. Romain Duris a donc, lui aussi, eu le plaisir d’admirer ce pont construit entre 1879 et 1883 par le célèbre ingénieur. Détruit durant la Seconde Guerre mondiale, c’est le neveu de Gustave Eiffel qui l’a fait reconstruire. Depuis, le pont s’est refait une petite jeunesse en se dotant d’une piste cyclable.
Revenons vers la voiture. Vous passerez sûrement devant les caves du "Café de Paris", le célèbre crémant. Ses caves valent le détour, on y trouve d’ailleurs des œuvres de Amo, le célèbre street artiste bordelais. Mais nous les visiterons une prochaine fois. Direction la ville de Bourg…
Officiellement, nous sommes dans la ville de Bourg. Mais beaucoup l’appellent encore « Bourg-sur-Gironde ». Elle pourrait même s’appeler Bourg-sur-Dordogne, car c’est bien ce fleuve qui trône devant la ville. Ce qui ne fut pas toujours le cas, comme l’explique Pamela Macouillard de l’Office du Tourisme de Bourg : « Autrefois, le bec d’Ambès était plus court. Bourg était donc face à la Gironde. Cela lui conférait alors une position stratégique pour défendre Bordeaux. Depuis, la Gironde s’est retirée et nous voilà face à la Dordogne ».
Cette modification du paysage bourquais a donné naissance à la ville basse. Ainsi, Bourg se divise en deux parties reliées par près de 500 marches.
Du fait de sa position stratégique, aux portes de Bordeaux, de nombreuses élites ont donc résidé à Bourg, notamment Louis XIV qui y séjourna pour gérer les problèmes liés à la fronde. Il avait douze ans à l’époque. Et comme tout gamin, les gourmandises l’attiraient, comme cette figue qu’il aperçut sur une branche trop haute pour qu’il ne l’atteigne. Un Père Récollet passant par là, le porta pour l’aider à atteindre le fruit. Or, il était interdit de toucher le roi ! Le Père fut donc jeté au cachot, accusé de crime de lèse-majesté. Heureusement, Anne d’Autriche, la mère du roi, fit libérer le pauvre homme le soir-même.
De cette histoire est née l’affection que les bourquais portent aux figues. D'où la création de "la figue de Bourg", une confiserie à déguster en descendant les escaliers du roi pour rejoindre la ville basse. Vous pouvez acheter des figues de Bourg à l'Office de tourisme de Bourg et dans des pâtisseries locales.
Le relief de la ville associé au charme de ses façades de pierre locale confère à la ville une beauté particulièrement photogénique ! Au gré d’une balade dans ses rues, on tombe sur le lavoir, la citadelle, la porte de la mer ou encore la maison mauresque construite au début du 20ᵉ siècle par un fonctionnaire colonial, nostalgique de l’architecture orientale.
Dans la partie basse, une visite originale vaut le détour : celles des cuves à pétrole. Sept ont été construites en 1938 en lieu et place d’anciennes carrières. L’objectif était d’avoir des réserves de pétrole durant la guerre. Sabotées par les allemands, elles sont aujourd’hui visitables. L’odeur qui y règne encore, la grandiosité du lieu et l’écho fabuleux font de cette visite une expérience sensorielle mémorable.
Office de tourisme de Bourg
Place de l'Éperon - 33710 Bourg
tourismebourg@grand-cubzaguais.fr
L’office de tourisme de Bourg propose des vélos électriques en location. L’idéal pour arpenter les chemins vallonnés de ce territoire. Une fois le casque vissé sur la tête, direction le Château de La Grave. Vous en pédalerez, entouré d'un paysage verdoyant, durant une vingtaine de minutes.
Construit en 1860, le château est entouré d’un domaine qui existe depuis plus longtemps que l’édifice, nous raconte Lou, propriétaire des lieux avec ses parents. « Nous avons actuellement près de 50 hectares dont 35 sont réservés à la production. Depuis 2019, nous produisons du vin bio. Certaines parcelles sont en reconversion, car avec le changement climatique, nous pensons qu’il ne faut pas exclusivement compter sur la production de vin, explique Lou. C’est pourquoi nous plantons notamment des oliviers ».
Le Domaine Château de la Grave offre une riche palette de millésimes rouges et blancs de l'appellation Côtes de Bourg et hors appellation pour les cuvées moins traditionnelles.
Vous pourrez déguster les vins du domaine suite à une visite guidée (sur rendez-vous) ou en venant passer une soirée à la Vinoguette ; une grange ouverte du château, décorée de mobilier vintage. Cet espace cosy est le lieu parfait pour passer un moment entre amis et profiter d’un concert organisé régulièrement dans l’année.
Il est déjà l’heure de déjeuner ! On enfourche nos vélos pour revenir manger à Bourg…
Château de La Grave
Lieu-dit La Grave - 33 710 Bourg
05 57 68 41 49 - info@chateaudelagrave.com
C’est dans le restaurant de Julie et Sébastien (au premier plan de la photo avec le reste de leur équipe) que nous vous proposons de déjeuner. Initialement installés sur la place du Marché, ils ont récemment déménagé dans cet établissement qui donne sur la Dordogne. La terrasse permet d’apercevoir le fleuve et de profiter d’une vue bucolique sur les jolies façades de la rue. Au menu : une cuisine ambitieuse et raffinée, de saison et composée d’ingrédients issus des producteurs locaux. Magret de canard, polenta au parmesan, poulpe grillé et ses légumes confits…
Une pause gourmande et tranquille dans un cadre charmant. Une dernière promenade dans la ville avant de partir, en voiture, pour un voyage dans un très lointain passé… Le trajet d'une dizaine de minutes va vous plonger plus de 30 000 ans en arrière.
Cuisine et dépendance
4 place Eugène Marchal - 33710 Bourg
05 57 68 45 34 - contact@cuisineetdependance.fr
Pour des raisons de conservation, beaucoup de fresques préhistoriques ne sont plus visibles dans leur version originale, mais ce n’est pas le cas ici. Et c’est particulièrement émouvant de voir, à quelques centimètres, des œuvres pariétales vieilles de plus de 30 000 ans. La grotte de pair non pair n’est pas bien grande, d’où le nombre limité de visiteurs autour de la guide. C’est donc dans une certaine intimité qu’on entre dans cet espace rocheux où sont représentés les animaux qui peuplaient ce territoire entre -26 000 et – 30 000 ans.
On y reconnait des chevaux, un mammouth ou encore des cerfs et biches. C’est François Daleau, un chercheur passionné d’archéologie, qui a entrepris la fouille de cette grotte en 1881. Grâce à lui et au travail d’autres chercheurs, on a donc la possibilité d’effectuer un voyage dans le temps particulièrement saisissant et émouvant…
Revenons dans le présent pour rejoindre le Château de la Bertinerie situé à une quinzaine de minutes en voiture.
Grottes de pair non pair :
Chemin de pair non pair - 33710 Prignac-et-Marcamps
05 57 68 33 40 - pair-non-pair@monuments-nationaux.fr
Quand on vit en Gironde, on est habitués au champ de vignes dont les plants sont alignés, presque droits comme des I. Ici, à Cubnezais, et précisément au Château de la Bertinerie, ce sont des Y que l’on voit à perte de vue. Eric Bantegnies, l’un des propriétaires et vigneron, a fait le choix de ce mode de plantation dit « en lyre » sur ce territoire de Blaye Côtes de Bordeaux.
Si vous venez à sa rencontre, prévoyez de prendre le temps d’une longue et passionnante visite, car l’homme est pédagogue et sa passion pour la vigne le rend aussi volubile que captivant. Il nous emmène sur ses terres, dans ses chais, tout en nous racontant la nature des sols de Gironde et leurs avantages pour la culture de la vigne, ses méthodes de production et l’histoire de son domaine.
« Avec les plantations en lyre, le cep est divisé en deux bras, augmentant ainsi la capacité de réserve. Ainsi, les tanins sont meilleurs, et le raisin va jusqu'au bout de son cycle de maturation, nous explique-t-il. Le vin est plus fin, plus élégant, sa durée de vie est plus longue. Mais on peut aussi le consommer dans sa jeunesse ».
La visite se termine par une dégustation des vins du domaine dont on connaît, grâce à la visite, tous les secrets. C’est donc avec un palais avisé qu’on se délecte de ces vins rouges et blancs aux arômes délicats.
On termine cette journée où l'épicurisme domine en rejoignant le Moulin de Charlot à Marcenais situé à une dizaine de minutes en voiture...
Château Bertinerie
33620 Cubzenais
05 57 68 70 74 - contact@chateaubertinerie.com
Ici, le cadre est particulièrement bucolique : dans ce moulin à eau qui surplombe une rivière, on dîne à l’ombre des arbres en admirant les poissons qui s’élèvent parfois à la surface de l’eau.
Il est possible de vivre ce moment de contemplation en dégustant (avec modération) de la bonne bière allemande ou locale. En effet, Frédéric, le maître des lieux, a souhaité que son restaurant ait des airs de Biergarten. Il s'agit de brasseries à ciel ouvert typiques de la Bavière, une région à laquelle la famille de Frédéric est attachée depuis plus de 80 ans.
Ici la cuisine est locale, gourmande et agrémentée de bières artisanales et bien entendu, de vins issus des vignobles de ce territoire.
Un territoire que vous quitterez à regret probablement. Mais vous n’êtes qu’à une petite heure de Bordeaux, et en une journée, vous n’aurez pas pu explorer son entièreté. Alors, revenez bientôt pour continuer votre exploration autour de Bourg et Cubnezais !
En attendant, poursuivez votre tourisme local ! On vous emmène pour 24h en Sud-Gironde ou pour un week-end dans le Val de l'Eyre.
Moulin de Charlot
12, Charlot Sud - 33620 Marcenais
06 37 03 50 77 (SMS) - contact@moulindecharlot.fr