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Chaban-Delmas, de la statue à l’homme
4 min de lecture

Chaban-Delmas, de la statue à l’homme

Pierre Le Franc est Jacques Chaban Delmas. L’espace de quelques visites, il suit ses pas et incarne celui qui fut maire de 1947 à 1995, entrant dans le personnage pour faire revivre son destin et son impact sur la ville de Bordeaux. Une visite contemporaine et forcément remplie de fantômes.

 

par Jean-Luc Eluard

publié le 08 octobre 2018

modifié le 09 décembre 2019

Histoire d'équilibre

Evidemment, c'était plus simple avec Montaigne ou Montesquieu, deux autres Bordelais célèbres dont il a pris l'identité pour suivre leurs traces dans ses visites guidées thématiques. Mais Chaban-Delmas, c'est un peu plus compliqué : les plus de 40 ans ont encore sa voix, son attitude, sa gestuelle en mémoire et Pierre Le Franc doit rester en équilibre entre l'incarnation et l'évocation. Et pour cela, il peut se reposer sur une double formation : études d'histoire de l'art, spécialisation comme guide conférencier mais il gagne sa vie comme comédien avec sa compagnie, On The Road Compagnie, au sein de laquelle il s'attache à redonner vie au patrimoine littéraire.

Pas étonnant alors qu'on lui ait confié voici deux ans la tâche de se mettre dans la peau et les pas de Montaigne : « Le but était aussi de donner à entendre les textes de l'auteur. J'ai fait quelque chose d'assez loufoque pour que les gens passent un bon moment en apprenant des choses. » Pour lui, ce mélange de sérieux historique et de légèreté formelle est indispensable, une sorte d'obsession touristique tirée de vieux traumatismes infantiles : « Je véhicule l'histoire comme j'aurais aimé qu'on me la véhicule quand j'étais petit. Je n'aimais l'histoire que quand on me la racontait bien. »

visite Chaban-Delmas Bordeaux crédit : Service Patrimoine inventaire Nouvelle Aquitaine

Histoire officielle

Alors cette histoire d'un Montaigne jovial et un brin coureur fonctionne tellement bien qu'il enchaîne l'année dernière avec Montesquieu et donc Jacques Chaban-Delmas cette année. Avec une approche livresque importante : « J'ai lu ses livres, essentiellement « L'Ardeur » et aussi pas mal de livres qui ont été écrits sur lui. »

C'est qu'à 30 ans, Pierre Le Franc fait partie de cette génération pour laquelle Chaban-Delmas, c'est avant tout « une statue et un pont. Ah oui ! et un stade aussi. Je sortais du collège quand il est mort. »

Alors il n'est pas rentré dans les vieilles polémiques encore tièdes qui traversent le cerveau reptilien des Bordelais qui ont vécu les deux derniers mandats du maire. De tout cela, il ne garde que « ce que les historiens ont écrit, sans prendre position. »

 

photo : Alban Gilbert

Histoires de chevalier

Même si malgré tout, il se souvient que sa grand-mère l'appelait « le Grand Chaban » et qu'au fil de ses lectures, il s'est pris d'affection pour ce personnage sur lequel il a été surpris « de trouver autant de choses à dire. Mais c'était quelqu'un de plus grand qu'un politique, il avait un côté chevaleresque, c'était quelqu'un pour qui la loyauté, c'était important. »

Pierre Le Franc marque une pose dans son enthousiasme pour le personnage : « Je me suis peut-être laissé embobiner par ce que j'ai lu sur lui. Mais je suis vraiment admiratif, ne serait-ce que pour celui qui a pris le risque d'entrer dans la résistance. »

visite Chaban-Delmas Bordeaux photo : Steve Le Clech

Histoire à hauteur d'homme

Alors la visite sur les pas de Chaban-Delmas débute comme il se doit au pied de sa statue.

Pas question bien sûr de partir sur toutes les traces laissées par près de 50 ans de mandat. Mais d'évoquer en chemin les différentes facettes de l'homme, jusques et y compris celle du sportif de haut niveau : « Quand je passe devant une station de V3, je raconte sa passion pour le vélo. Devant les tennis de Mériadeck, je parle de sa carrière de tennisman » qui aurait pu être brillante si la politique lui en avait laissé le temps.

Après la statue, on passe par les salons d'honneur de la mairie de Bordeaux pour parler du maire et de son rapport si particulier qu'il entretenait avec les Bordelais : « C'était une dimension que j'ignorais totalement : le fait que les Bordelais l'appréciaient plus pour ce qu'il était que pour le personnage politique. »

photo : Nicolas Duffaure

Puis cap sur un continent oublié du tourisme : le quartier Mériadeck « qui était véritablement son bébé. »

Sans doute le plus contesté mais là n'est pas la question. Pierre Le Franc y a découvert multitude de monuments commémoratifs qui lui permettent de parler d'une carrière protéiforme qui se confond avec l'histoire de France (et du monde) de la deuxième moitié du 20e siècle :

« C'est sans doute le quartier de Bordeaux où il y a le plus de ces monuments. Comme s'il avait voulu ancrer ce futurisme dans le passé. »  Comme les traces d'un maire mort qui n'a pas fini de hanter sa ville.

 

∗ Nos visites guidées sont assurées exclusivement par des personnes titulaires de la carte professionnelle de guide-conférencier.

visite Chaban-Delmas Bordeaux photo : Thomas Sanson

Il en a visionné, des images de Chaban-Delmas. « Il avait une attitude très caractéristique. Et une voix… mais elle changeait beaucoup selon qu’il était en représentation officielle, où elle était plutôt comme ça… ou selon qu’il était directement avec les gens, où il était plus exubérant et sa voix faisait plutôt ça… »

Pierre Le Franc prend la voix si caractéristique de l’ancien maire de Bordeaux mais il précise aussitôt :

« Le but, ce n’est pas d’être dans la caricature ni l’imitation. Il faut que ça reste très spontané. »

photo : Alban Gilbert

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