© Marie Blanchard
Notre promenade commence sous le pont du guit. Quand vous avez la fresque de Delphine Delas dans le dos, regardez droit devant vous, "sous la jupe" du pont (on vous montre cette magnifique fresque de Delphine Delas ici).
Vous verrez alors, grâce à un subtil virage, que toutes les fresques, qui décorent ces murs, sont colorées de vert en haut et de bleu en bas. Un petit code ainsi respecté par ces artistes de street-art qui ont décoré les pieds du pont. Avancez maintenant et découvrez celle de Kendo...
Il ne s’agit pas de la fresque d’origine. Kendo l’a alors repassée lui-même en gardant le même fond au style apocalyptique. Il s’agit là d’un vrai graff ou « writing » car son nom s’étend sur tout le mur composé de planètes et de coulures.
Kendo, originaire de Bordeaux et co-fondateur des collectifs "Peinture Fraiche" et "Transfert" au début des années 2000, est un artiste de l’abstrait, tout le contraire de Jean Rooble dont on retrouve la fresque quelques mètres plus loin…
L’artiste utilise la technique du stencil cap qui consiste à couper le bouchon de la bombe en biseau pour permettre un jet plus fin de la peinture.
Jean Rooble reprend plusieurs techniques dont celle des peintres anciens en commençant par les teintes foncées pour arriver petit à petit aux couleurs plus claires. « Lui, quand il est toyé (NDLR : recouvert par un autre graff), c’est difficile à restaurer, explique Céline… Ne serait-ce que pour l’incarnation de la peau, car il utilise une trentaine de teintes différentes ».
Deux œuvres inspirées de l’univers du cartoon habillent les dessous du pont du guit. D'abord, il y a celle de Disket réalisée en 2017 pour célébrer l’arrivée de la LGV. Puis, de l’autre côté du mur, Mioter propose un éventail de dessins très colorés, presque enfantins, illustrant le thème du voyage.
Un peu plus loin, on découvre la gare Saint « Jone », du nom de l’artiste. « Sur cette fresque, il utilise toutes les techniques du graffiti, explique Céline. Comme le tag, la peinture fraîche, les pochoirs, le free-style, le flop avec ses arrondis... ».
Quittons le pont pour nous diriger vers la zone fluo. Cette association propose un tiers-lieu dédié à la création composée de créatifs adeptes du Do It Yourself. Cet ancien guichet de la SNCF de 300 m² accueille désormais :
Nous y découvrons alors l’œuvre de Tatie Prout. « On retrouve ici son style inspiré de l’univers kawaï. Elle fait aussi partie de notre association L’Irrégulière ainsi que de la Zone Fluo » précise Céline.
Quelques pas nous séparent d'un pigeon et d'un écureuil, œuvres d'Amo, l’un des artistes de street-art les plus actifs sur Bordeaux.
Sa « jungle urbaine », comme il la prénomme, est composée d’animaux subtilement coloriés de tags superposés les uns aux autres, avec son nom « Amo ». Il appelle lui-même cette technique "le paintag".
Les signatures se font oublier en prenant du recul et ainsi apparaissent les plumes du pigeon et les poils de l'écureuil.
Rejoignons maintenant la rue Belcier où se situent les locaux du Secours Populaire. À l’initiative de Moka, une quinzaine d’artistes de street-art ont décoré les murs de l’association.
Parmi les participants à ce projet magistral, on retrouve alors Seeia, Fred Rush Collins et sa petite abeille bien connue, Monsieur Poulet ou encore le fameux Mimile de Selor.
En passant par la rue de Saïgon, vous pourrez admirer une œuvre de Clément Garnung intitulée « le nouveau Cénacle ». Elle fait alors référence à l’architecture, beau clin d’œil à l’agence dont elle habille le mur.
En bas, on peut voir des corps entremêlés dessinés au trait, faisant ainsi référence aux croquis d'un architecte. Plus haut, ces corps fusionnent alors et ne deviennent qu’un, représentant l’intuition et la réflexion objective raisonnée. Enfin, on peut voir un oiseau qui évoque le moment de l’expression, de la formalisation concrète de ce cheminement.
Cette fresque fait référence à une citation de l’architecte François Guibert : « Pierre angulaire des hommes constitués en société, l'acte architectural est d'abord une succession d'émotions désordonnées qui se transforment peu à peu en une intuition puis en une réflexion objective raisonnée pour enfin s'exprimer en une projection intuitive remise en ordre ».
Merci infiniment à notre guide pour cette balade, Céline Lalau, administratrice chargée de la coordination et de la médiation à l’association L’Irrégulière. Celle-ci a pour objectif de faire découvrir, soutenir et promouvoir les artistes et collectifs émergents, bordelais et de diverses origines.