
Le Bordeaux d’Alber, street-artiste
Des grands visages colorés qui scrutent les passants bordelais, ça vous dit quelque chose ?
L’artiste urbain Alber a posé ses bombes dans notre ville il y a près de 15 ans. Depuis, plus de 200 de ses peintures ont fleuri sur les murs, façades et monuments de Bordeaux, où se trouve toujours son atelier. Sa notoriété a dépassé les rives de la Garonne et il expose aussi ses toiles dans les galeries d’art. C’est parti pour une virée en ville avec Alber.
Pourquoi s'être installé à Bordeaux ?
Je n’ai pas choisi Bordeaux, je suis arrivé ici pour le travail, quand j’ai rejoint une grosse boite en tant que graphiste. Par chance, beaucoup d’amis à moi vivaient déjà ici.
La ville avait été complètement lavée, il y avait beaucoup de murs propres. L’architecture et le fait que ce ne soit pas une très grande ville m’ont inspiré. Au début, j’allais beaucoup dans des terrains vagues, comme à la caserne Niel, avant la création de Darwin, et à Bacalan.
Pourquoi faire dialoguer street-art et monuments du patrimoine bordelais ?
Au-delà de peindre des murs, je veux détourner ce que je fais. Au lieu de mouler une tête, j’ai eu l’idée de trouver des monuments avec des visages pour revenir à l’atelier avec un moule de la tête et en faire des masques. C’est comme ça que j’ai apposé mon style sur les visages des fontaines de la place de la Bourse et des Quinconces, sans dégrader le patrimoine.
Et en toute humilité, j’ai voulu faire redécouvrir l’histoire de ces monuments, on peut passer devant tous les jours sans les connaître. J’ai appris leur histoire en faisant ce travail. L’art peut aider par exemple des gamins qui ont du mal à apprendre des choses.
Où aimes-tu peindre ?
Ma définition du graffiti est « Peindre où je veux quand je veux et assumer les conséquences ». Cela m’a incité à tenter des choses. Ce qui me plaît, ce sont les lieux où il y a du passage, pour être vu, et peindre des choses monumentales qui créent un effet « wahou ».
Par exemple, un de mes visages se trouve sur la base sous-marine. Ça me chauffait, j’ai réussi à le faire. C’est du pur égo de graffeur !
Il y en a aussi un sur un mur sous la gare de Cenon, devant lequel le tram et plein de voitures passent. Et le visage peint sur le quai Richelieu, au niveau de l’arrêt de tram de la porte de Bourgogne, est un de mes préférés. Depuis, d’autres street-artistes ont fait des peintures à côté.
Quels endroits t'inspirent ?
Quand je me balade dans la rue, je cherche des œuvres de street-art et je regarde les murs qui m’inspirent. Si je vais me balader avec ma copine, j’utilise ce moment pour trouver des murs. Je suis toujours à l’affût.
Par exemple, j’ai peint sur des bouts de murs cassés sur les boulevards. Il y a des trous dans les murs, il faut les exploiter. J’ai juste décidé de mettre un œil et cela donne un bon effet.
Quelle est, d'après toi, la place des street-artistes à Bordeaux ?
La ville se prête bien au street-art, car tu n’es pas noyé dans la masse artistique. En d’autres mots, il y a assez de murs pour qu’on n’y repasse pas. Il y a 15 ans, c’était difficile de peindre, la police pouvait arriver pour me déloger, la ville m’effaçait… Plus de 3 quarts de mes peintures ne sont pas autorisées, mais maintenant, on protège mes œuvres, on fait des contouring, on me valide.
Où est-ce que tu vas quand t’as un petit creux ?
Il y a beaucoup de bons restos à Saint-Michel. Si je devais donner des suggestions, ce serait une soupe pho à Bim Bao le midi et une pizza chez Poggetti le soir, entre les Capus et la basilique.
Il y a les Halles de Bacalan, qui proposent plein de choses variées. J’aime aussi Le Tout du Cru, à côté du pont Chaban-Delmas, un super restaurant de fruits de mer.
Quels sont tes spots préférés en soirée ?
J'ai beaucoup fait la fête à Saint-Michel, surtout quand j'habitais près de la gare. C’est un quartier que j’apprécie pour les soirées, notamment celles d’Allez les filles. Si je devais dire un lieu, ce serait le Central do Brasil, pour son ambiance et les open mics. C’est super humain, chaleureux, festif, ouvert à la culture et à toutes les populations. D’ailleurs, des peintures à moi sont exposées là-bas.
Pour une ambiance plus guinguette, il faut aller Chez Alriq, à La Bastide, ou chez Gargalou, à Bacalan.
Envie d’admirer les œuvres d’Alber ? Rendez-vous à l’hôtel de Ragueneau pour découvrir son exposition « Interligne » jusqu’au 11 octobre 2025.